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Chaque semaine, la Fédération Française d’Aéromodélisme met en lumière un aéromodéliste. Passion, engagement, transmission, bénévolat font partie des valeurs associatives traditionnelles. S’y ajoutent, en aéromodélisme, la patience, la rigueur créative, la soif de liberté, voire l’ouverture potentielle vers de futures vocations.
Cette semaine, focus sur Fabrice Picard et Matthieu Perret, les initiateurs d’un projet innovant mené par le Cercle Modéliste Blénod Lorraine.
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Fabrice Picard, 44 ans, et Matthieu Perret, 30 ans, sont dans un dialogue perpétuel. De leurs échanges, il en découle les bases d’une nouvelle démarche de fabrication afin de faire évoluer la pratique de l’aéromodélisme. Depuis un an, Fabrice et Matthieu constituent une formidable équipe travaillant d’arrache-pied pour faire éclore leur projet innovant, Aéro-modélisme 4.0, mené avec leur club, le Cercle Modéliste Blénod Lorraine.
Enseignant en mécanique et génie civil à l’Université de Lorraine, Fabrice Picard débute l’aéromodélisme à l’âge de 12 ans, avec pour formateur Jean-Paul Perret. En marge des Championnats du Monde de 1990, une section d’aéromodélisme ouvre à Blénod-Lès-Pont-À-Mousson. Au sein de ce club, il se plaît à s’exercer au vol circulaire. Fabrice construit et s’émerveille du résultat produit de ses mains. Cette partie manuelle, c’est son échappatoire ludique, « un plaisir inhérent à l’aéromodélisme », nous confie-t-il. Depuis 32 ans, il fait rayonner l’aéromodélisme et ses valeurs, par la transmission de ses secrets de construction aux plus jeunes.
De l’autre côté de la piste, Matthieu Perret baigne dans le milieu aéromodéliste depuis son plus jeune âge. C’est bien évidemment à son père qu’il doit cette passion. A 8 ans, il débute l’aéromodélisme, une passion dont il fera également son métier. Après des études de langues étrangères avec une spécialisation en Russe, et deux années passées en tant que traducteur, Matthieu se lance dans l’entreprenariat. En 2014, MP Model Products, spécialisé dans la construction d’avions (compétition et vol circulaire) voit le jour.
Après avoir été jeunes apprenants, fruits de la première version de leurs écoles respectives, Fabrice et Matthieu sont devenus formateurs. Aujourd’hui, leurs deux écoles de construction sont réunies sous l’entête Cercle Modéliste Blénod Lorraine, l’une se situant à Blénod-Lès-Pont-À-Mousson, l’autre à Landres. Sur les périodes estivales, les deux écoles se retrouvent régulièrement pour aller voler, mutualiser les apprentissages et partager un moment de camaraderie.
Visionnaires, Matthieu et Fabrice entendent apporter des réponses, des idées et des méthodes pour innover et faire évoluer la pratique. Plusieurs constats fédéraux les interpellent. Le renouvellement du public aéromodéliste tout d’abord, un véritable challenge. Puis, l’apprentissage est long et requière de la patience. Or, les générations sont volatiles, elles sont en quête d’instantanéité et de résultat immédiat. Alors, les jeunes se désintéressent de l’aspect construction de l’aéromodélisme et renoncent, bien trop rapidement, à l’aventure.
Malgré les efforts déployés par certains, Matthieu et Fabrice sont formels : la jeunesse d’aujourd’hui est moins manuelle. Ceci est d’autant plus vrai qu’ils vivent dans un monde informatisé et sont demandeurs de nouvelles technologies. Les deux compères veulent offrir de nouvelles ouvertures à l’aéromodélisme. Fabrice est convaincu « la méthodologie aéromodéliste doit évoluer ». En supprimant les difficultés rencontrées lors de la construction, Matthieu et Fabrice veulent recourir à l’utilisation de machines prédécoupant les pièces. Les jeunes, présentant une faiblesse dans ce domaine, pourront se focaliser sur leur réussite en vol. Être les témoins d’une perte d’estime de soi et de découragement chez leurs élèves, ils ne le veulent plus. Les deux formateurs fonctionnent à l’instinct. Pour eux, l’avenir de l’aéromodélisme réside dans ce projet innovant de fabrication assistée par ordinateur. Ils souhaitent moderniser l’aéromodélisme en intégrant l’informatique, ce qui attire aujourd’hui la jeunesse et les intéresse sur le long terme. Matthieu et Fabrice fondent Aéromodélisme 4.0 par un gain de temps de la fabrication à l’assemblage, « il faut que l’avion se construise, nous ne voulons pas du tout aller dans le « prêt à voler » car cela reviendrait à perdre la compétence de l’assemblage ». Par cette marge de temps gagné, ils entendent réintroduire des formations sur l’aérodynamique, souvent abandonnées, et pourquoi pas, ouvrir des voies professionnelles aux élèves. Des projets personnels pourraient alors éclore hors des murs du club.
Depuis plusieurs mois, le projet murit dans l’esprit des deux acolytes. Fabrice et Matthieu se complètent dans leur domaine d’expertise. Ils aiment attiser la curiosité, les prises d’initiatives et s’émouvoir autour de l’amour de la pratique tout en découvrant les yeux émerveillés de leurs apprentis aéromodélistes. D’un côté, Fabrice a la compétence en formation et connaît les machines à commande numérique. De l’autre côté, Matthieu est un autodidacte formé par Fabrice à la conception assistée sur ordinateur. L’assiduité et l’investissement de Matthieu ont été une vraie prise de conscience dans le lancement du projet. Cette initiative, le Cercle Modéliste Blénod Lorraine en est le bêtatesteur. Mais, leur ambition ne se limite pas à un club. Une fois la méthode appropriée et ficelée, leur objectif serait de la déployer au sein de toutes les écoles.
Le frein principal, ils en sont bien conscients, est le financement. Les machines ont un coût important. Des demandes de subventions sont en cours. Fabrice et Matthieu sont des pionniers en la matière. Ils voient dans cette nouvelle méthode de construction, un moyen d’orienter les plus jeunes vers les métiers de l’aéronautique. Allier passion et métier est la victoire de Matthieu, qui a été réceptif dès les premières applications de la fabrication assistée par ordinateur. L’inconnu fait peur, l’innovation aussi. Cependant, pour Matthieu, il faut « oser, tous les clubs devraient aller dans une démarche similaire ». Pour Fabrice, CQFD, « face aux résultats que nous constatons, il faut se lancer. L’aéromodélisme est un partage et un regroupement des compétences. Avoir envie d’y aller pour faire vivre et perdurer la discipline qui nous rassemble : l’aéromodélisme ».
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