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[Portrait de] Bertrand Moriceau

Chaque semaine, la Fédération Française d’Aéromodélisme met en lumière un aéromodéliste. Passion, engagement, transmission, bénévolat font partie des valeurs associatives traditionnelles. S’y ajoutent, en aéromodélisme, la patience, la rigueur créative, la soif de liberté, voire l’ouverture potentielle vers de futures vocations.

Cette semaine, focus sur Bertrand Moriceau, Président du club Sèvres Anjou Modélisme.

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Jeune retraité, Bertrand Moriceau aime prendre son envol à l’aide d’aéromodèles qu’il conçoit de A à Z. Ce féru d’aéromodélisme est fidèle aux techniques traditionnelles. Mais sa créativité est constamment stimulée par sa volonté de se renouveler sans cesse en matière de construction. Ancien technicien méthode, Bertrand trouve dans l’aéromodélisme des motifs d’épanouissement personnel et de transmission. Son premier aéromodèle, c’est à l’âge de 10 ans qu’il le construit et l’assemble. C’est à sa rencontre fortuite avec le secrétaire municipal de son village qu’il doit cette passion. Elle le conduira, alors qu’il n’a que 16 ans, à prendre la responsabilité de l’animation de son club formateur pour former, à son tour, de nouveaux jeunes. Au départ inquiet d’endosser ce nouveau rôle, Bertrand se prendra vite au jeu. Il y trouve une source de plaisir liée à la transmission des valeurs tout autant qu’à l’apport de cette pratique au quotidien. Et, depuis 51 ans, il n’a cessé de baigner dans l’aéromodélisme.

 

Trempé dans le chaudron dès les premières années, du planeur vol libre au vol circulaire, Bertrand est un aéromodéliste résolument passionné. C’est dans son fief, dans les communes proches d’Angers, que Bertrand souhaite attirer de nouveaux jeunes pratiquants. Son objectif ? Partager avec eux le plaisir de voir voler un objet créé de ses propres mains !

Après avoir accompagné trois clubs en Maine-et-Loire, il s’installe dans la commune d’Andard. Sollicité par ses nouveaux voisins qui avaient connaissance de son engouement, il crée une nouvelle école de construction, en 1987. Dès les premières heures, la municipalité lui apporte son soutien total, mettant à sa disposition une salle qui sera progressivement agrandie. Il croise rapidement le chemin de Georges Brochard. Avec l’aide et le soutien de Georges, Bertrand progresse et aborde le haut niveau. Les deux amis, en conjuguant leurs ardeurs créatrices, s’associent pour mutualiser leurs deux écoles de construction : Andard et Saint-Laurent-sur-Sèvres. Bertrand devient alors en 2010 président du club Sèvres Anjou Modélisme qui compte 49 licenciés. Il motive, mobilise, emporte dans son sillage. Des parents d’élèves viennent lui prêter main-forte pour la construction et l’encadrement des enfants, âgés de 10 à 18 ans, voire 8 ans pour les plus jeunes.

Le club Sèvres Anjou Modélisme, qui est à l’initiative d’une compétition de vol libre d’intérieur ouverte au public depuis 30 ans, accueille 200 spectateurs chaque année. La réputation de cet événement se propage. Et tous les ans, des recrutements s’en suivent, amenant à de nouvelles formations pour la construction de modèles de vol libre intérieur ou extérieur.

Parmi ces jeunes recrues, certains ont brillé jusqu’à atteindre les championnats de France, avec des dizaines de titres, tandis que d’autres se sont illustrés à l'échelle européenne et mondiale. Des exploits régulièrement relayés par la presse locale, qui apportent une mise en lumière renouvelée au club.

Mais qu’est-ce qui porte Bertrand Moriceau ? « L’aéromodélisme, c’est plus qu’une famille », déclare-t-il avec simplicité. Motivé par cette ambiance de compagnonnage, dans un environnement convivial et chaleureux, il est heureux d’accompagner les jeunes et de les aider à s’accomplir. Il s’émerveille et nous raconte : « Les jeunes sont d’autant plus fiers de leurs créations manuelles lorsque celles-ci les mènent au podium. L’ambiance, lors des compétitions, est incroyable. Tout le monde met la main à la pâte pour assurer l’organisation ». Le dessein de Bertrand est également d’ordre pédagogique « cette pratique leur permet de comprendre que le travail est nécessaire, que la concentration et la patience sont essentielles à l’obtention d’un résultat ». Il renchérit même, avec conviction : « on n’a rien sans rien. Certains jeunes en échec scolaire ont fini par se révéler grâce à l’aéromodélisme ! Voire sont devenus ingénieurs. Il est arrivé, souvent, que des parents viennent me remercier pour le temps que je leur accorde, à les coacher et les aider dans leur vie d’adolescent ». Cette reconnaissance, il la reçoit avec humilité. Il découvre l’émotion et le bonheur qu’il transmet au fil des ans et « photographie mentalement les étoiles dans les yeux de ses élèves qui font voler leur modèle pour la première fois ». Bertrand n’a qu’un seul mot pour décrire ce sentiment : « Waouh ». Mais tout cela serait impossible seul. Pour nourrir cette flamme, il peut compter sur une équipe soudée et solidaire. Avec Georges Brochard et Renaud Masson, ils sont unis dans une même démarche. Au sein du club, Renaud Masson a fièrement accompagné Baptiste Rompion, Timy Réveillon et Eliott Crosnier jusqu’au Championnat du monde en vol libre d’intérieur 2018, aux États-Unis. Dans leurs valises, ils ont rapporté trois médailles d’or. Que dire de l’immense fierté dans le village, au sein du club, et dans le cœur de leur président…

Pour Bertrand, l’aéromodélisme est « une passion et ne peut se résumer à une envie ». Il cherche une ambiance détendue et sereine, « sans prise de tête », afin de garder intacte la motivation qui mènera aux résultats. L’individualisme n’a pas sa place. C’est une formidable école de la vie dans laquelle « il faut donner de son temps, accepter de devenir formateur et savoir donner sans attendre de recevoir ».

 

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